mercredi 23 octobre 2013

Enfin ça fait un peu "Jacadi a dit pas de charcuterie"



Ce qui est bien avec la presse gratuite, c'est qu'elle va à l'essentiel. Il y a quelques semaines, lorsque le Ministre de l’Éducation nationale nous a pondu sa charte de la laïcité, 20 Minutes a tenté de contextualiser cette publication grâce aux commentaires de représentants syndicaux. C'est important les syndicats. Ça représente la base, ça remonte les problèmes du terrain, ça élabore des plateformes de revendications, ça engage des rapports de force, ça améliore la condition des collègues et ça fait progresser la démocratie. Et puis ça répond à la presse.

Visiblement, il était urgent de remettre la laïcité à l'ordre du jour dans l’Éducation nationale. Car, nous dit le journaliste, "en tête des problèmes qui surgissent sur le terrain : [il y a] le port de signes religieux ostentatoires". Et d'ailleurs, "si les assauts contre la laïcité n'augmentent pas, ils existent". C'est là qu'intervient notre syndicaliste (qui représente la base, remonte les problèmes du terrain et toussa) : "Dans certains établissements, des jeunes filles tentent de contourner la loi de 2004 sur le sujet [le port de signes religieux ostentatoires] en portant des bandanas ou des robes longues". 



Ah les sales fourbes. Il est grand temps de mettre un terme à cette intolérable dérive intégriste fondamentaliste.

J'attends avec impatience la circulaire ministérielle qui précisera quelles sont les bonnes robes longues laïques et les mauvaises robes longues religieuses, les bons bandanas cool et les mauvais bandanas pas cool. Évidemment, on pourrait en profiter pour exiger le port d'une tenue décente à l'école parce que ça n'a pas l'air d'être si simple par les temps qui courent. Reste à définir ce qui est décent et ce qui ne l'est pas. Enfin, comme ci-dessus, ce qui est décent pour de bonnes raisons laïques, parce qu'il ne s'agirait pas que les vilains croyants de tous poils en profitent pour favoriser des tenues décentes pour de mauvaise raisons religieuses.

D’ailleurs, il faut prendre le problème en amont. Donc je propose la création d’un comité de Sages qui va superviser une réflexion globale sur l’instauration de vêtements conformes à l’exigence du vivrensemble (©). Attention, malheureux, je ne préconise pas le retour de l’uniforme, je ne suis pas fou. L’uniforme, c’est mal et ça rappelle les-heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire (©).



Non, mais en revanche, on pourrait envisager le port de vêtements égalitaires.



Simple et de bon goût, quoi.

jeudi 3 octobre 2013

Une minute d'écart, ça peut se transformer en années de placard


Le Quai d'Orsay serait-il devenu le ministère des Affaires étranges ? Cela vous a peut-être échappé, mais la diplomatie française vit de grandes heures. Non, je ne vous parle pas de la Syrie. (Suite du précédent papier.)

Quelques jours après les mésaventures de notre ancien ambassadeur, il s'est produit un autre "incident", passé inaperçu. Pourtant, l'affaire n'est pas commune.

 



Le 3 septembre, un employé français du consulat de France à Jérusalem se présente à la frontière israélienne entre la Cisjordanie et la Jordanie, au pont Allenby ou King Hussein bridge. Oui, je précise les deux noms à dessein pour ne fâcher personne. C’est comme le golfe : parfois, il est persique, parfois il est arabique, mais visiblement, ce n'est pas anodin. Si vous ne voulez pas avoir d'ennuis, dites donc arabo-persique. A défaut de flatter le Perse ou l'Arabe, au moins éviterez-vous l'impair complet et ferez-vous finement comprendre que vous n'êtes pas tout à fait ignorant des spécificités de la région. Vous me direz qu’en Normalie, il est d’usage de confondre le père et le fils, le Chinois et le Japonais, le Tunisien et l’Egyptien. Même s’il est vrai que je ne suis ni président de la République ni diplomate, j’avoue que la subtilité de la chose m’échappe encore. Enfin, ce n’est que mon avis mais je le partage.

Toujours est-il que ce fameux jour de septembre, l’employé français en question est contrôlé par les douaniers israéliens. "Intrigués par une forte odeur de tabac" (sic) émanant de sa voiture, ceux-ci décident de pousser leurs investigations plus avant et découvrent… my dog, c’est que le butin est impressionnant :
152 kg d’or, des chèques pour une valeur de près de 2 millions de dollars, 800 téléphones cellulaires et 500 kg de tabac. 

Le tout étant dissimulé dans un véhicule portant des plaques diplomatiques françaises, on imagine les conversations téléphoniques certainement courtoises mais sans doute non dénuées d’une certaine franchise entre Jérusalem et Paris. L'homme, chef de garage au consulat, est immédiatement arrêté puis expulsé vers la France.
Il paraît qu'il s'agit d'une « affaire crapuleuse », dixit le Quai d’Orsay. Les gens sont méchants. J'aurais imaginé que c'était un don en nature pour l'Association des Enfants de Milliardaires Nécessiteux. Que voulez-vous ma bonne dame, c'est la crise pour tout le monde !






Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Donc, récapitulons.
Un brave homme à qui la République a offert le gîte et le couvert moyennant ses talents de mécanicien se trouve n’être en réalité qu’un malfaisant qui abuse sa confiance. Nouant au fil du temps des relations aussi douteuses que fructueuses dans un paisible pays muni d’une police particulièrement débonnaire et dilettante, il accumule la bagatelle de 152 kg d’or. Premier constat : il n’était pas manchot le garçon, parce qu’une conversion rapide nous donne environ 6 450 000 $ que nous arrondirons (pondération des taux de change, et puis on ne sait pas si l’or était en lingot, lingotins ou en vieilles statuettes un peu râpées) à 5 millions d’euros.

N’oublions pas d’ajouter les 2 millions de dollars (1,5 millions d’euros) en chèques que des trafiquants particulièrement perspicaces lui ont également remis. Tout de même, pour un truand d’envergure international, ça laisse rêveur, mais n’ergotons pas. Notre homme a-t-il seulement pris soin de noter les numéros de passeport au dos, des fois que des malhonnêtes auraient signé des chèques en bois ? L’histoire ne le dit pas, mais peut-être que dans quelques années, on aura droit à une troisième affaire Clearstream avec des listings circulant sous le manteau et de folles rumeurs sur les noms des bénéficiaires des fameux chèques…

Nous en sommes déjà à 6,5 millions d’euros. Vient la question du tabac. Là, c’est plus difficile de donner une valeur. Et on ne peut pas non plus se rattraper avec les téléphones portables : entre un Bic et un iPhone, c’est pas pareil. Mais enfin tout de même, il n’est pas déraisonnable de penser que tout ça nous emmène vers les 7 millions d’euros. Bref, ça fait une petite fortune. Et puis surtout, ça prend de la place. Qu’à cela ne tienne, quand on est mécano, on a pas peur de bricoler.
 

(photo non contractuelle)

Et alors la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu. Mais bien sûr.
Voilà donc notre homme qui prend la route de bonne heure, tout à la joie de s’en aller dans le calme de la campagne jordanienne mûrir des projets de nouveaux investissements. Et puis, il doit aussi donner quelques coups de téléphones avant de rejoindre le défilé de Sîq-el-Bared (ben oui, parce qu’on capte pas dans un défilé). Là, en fin de journée, à l’heure à laquelle rôdent les chacaux, il va rencontrer l’Al Capone local pour échanger la marchandise, faire les comptes et parler business en fumant plein de clopes.
Hélas pour lui, les gabelous hébreux sont de mauvais poil et, ne partageant pas l’habituelle insouciance de leurs confrères des services de sécurité – ah oui, ils sont « intrigués par une forte odeur du tabac », ne l’oublions pas – ils font pour une fois leur travail ce qui met un terme à l’aventure.

Comment est votre blanquette ?
L’histoire s’arrête là, et plus rien ne filtre depuis, si ce n’est que Français et Israéliens sont bien contents d’avoir mis à jour un « réseau de contrebande internationale très organisé ».
D’ailleurs, le Quai a signifié à l’indélicat son licenciement dès son retour en France et une enquête préliminaire a été ouverte. Nanméo ! Faut pas pousser mémé dans les orties non plus. Ceci dit, la République est grande et généreuse et n’a pas jeté le bonhomme en détention provisoire. Ben non, pour quoi faire ? Après tout, ce n’est jamais qu’un trafiquant international qui se promenait avec de l’or, du tabac, des chèques, plein de téléphones (ah oui, il y avait aussi des pièces détachées de voiture !) pour une valeur approximative de 7 millions d’euros. Du menu fretin, donc. (Pas comme ce salaud de jeune qu’on a collé au trou en attendant son jugement parce qu’il faisait rien que de manifester à des heures indues. Je me comprends.)

Tout ceci n’a évidemment rien à voir avec les événements régionaux. Il est bien connu que les turbulents esthètes barbus qui affrontent les poètes éthérés du régime syrien n’ont besoin de rien ni de personne comme ils le répètent du matin au soir, que le président français n’est pas concerné par le sujet et que d’ailleurs, cessons de raconter n’importe quoi, la Jordanie, c’est bien loin la Syrie.

 


Ça me rassure, parce que l’espace d’un instant, j’ai bien cru que l’aspirant Gaspard, tout à sa joie d’expérimenter l’un de ses déguisements désastreux avait encore fait foirer une mission de notre estimé SNIF.



jeudi 12 septembre 2013

Boris est un porc qui voudrait mourir dans le monde, la vie entière dans le cosmos ! *

Le Quai d'Orsay serait-il devenu le ministère des Affaires étranges ? Cela vous a peut-être échappé, mais la diplomatie française vit de grandes heures. Non, je ne vous parle pas de la Syrie.



Boris Boillon, ancien ambassadeur de France en Irak et en Tunisie, a récemment refait parler de lui. Heureusement, car le style inimitable de notre James Bond national  (c'est lui qui le dit, on n'est pas obligé d'adhérer), son extraordinaire entregent ("Kahdafi m'appelle 'mon fils' "), ses formules habiles (notre politique étrangère sera fondée sur "la promotion de valeurs fondamentales, comme la démocratie et la liberté, en rupture totale avec la politique étrangère passée de la France"), ses analyses percutantes ("Kadhafi a peut-être eu par le passé des attitudes, euh... Vous savez, qui peut se prétendre le parangon de vertu et de démocratie de par le monde ?"), et son tact irremplaçable (manifestations devant l'ambassade à Tunis 48h après son arrivée) nous manquaient.




Après avoir si bien servi nos intérêts, il s'est lancé dans le business. Il faut bien que tout le monde vive, comme disait l'autre.

Las... le 31 août dernier, il s'est fait pincer Gare du Nord par la douane française alors qu'il se rendait en Belgique avec la bagatelle de 350 000 € et 40 000 $ en petites coupures. Soit 3190 billets de 100 euros, 32 billets de 500, 100 billets de 50, 50 billets de 200 et 40 000 dollars (mais là, on a pas le détail).

Il paraît que tout ça est tout à fait réglo. Boris Boillon travaille avec l'Irak, mais en raison des défaillances du système bancaire local, il est payé en argent liquide. « J’ai oublié mes documents d’identité en Belgique. Je suis venu ce matin à Paris, juste pour la journée parce que justement je n’étais pas à l’aise avec cet argent qui était stocké en partie dans mon bureau et une autre partie dans une mallette qui était enterrée à côté de ma cave, et je voulais régulariser la chose au plus vite » a-t-il déclaré.


Tu m'étonnes. Ça doit faire partie des grandeurs et servitudes du commerce international...

Remarquez, il y a une nouvelle réjouissante au milieu de tout ça : on ne peut pas dire que tous les fonctionnaires se la coulent douce. Selon une note de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (les Douanes françaises, donc), les saisies d'argent liquide sur le territoire ont dépassé 103 millions d'euros au premier trimestre 2013, soit quasiment six fois plus que pour la même période de 2012 où elles avaient atteint 16,7 millions d'euros.

Je sais bien que la réforme des retraites ne satisfera pas tout le monde, que le système par répartition n'est pas au mieux de sa forme et que nous sommes tous encouragés à prévoir une retraite par capitalisation. Mais tout de même, pour un ancien ambassadeur... Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Boris.



Ce n'est pas tout. Gaston vous en parlera très prochainement.

* Aucune attaque personnelle, c'est Boris lui-même qui le dit.

jeudi 4 juillet 2013

C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule

Direct Matin, dans son édition du 21 juin 2013, se penche sur les 100 premiers jours du pape François. Pourquoi pas, ça nous change des aventures des starlettes mononeuronales et des championnats du monde du dopage, dans la discipline "à l'insu de son plein gré". Passons rapidement sur les habituelles considérations pénétrantes de l'auteur du papier : le pape a lavé des pieds (quelle nouveauté), rencontré des motards (incroyable), salué la foule (pas possible), béni des fidèles (en voilà une surprise), est catholique (je n'en reviens pas) comme son prédécesseur (alors là, je suis scotché) ; il prend des décisions (non, mais j'hallucine) et il les fait appliquer (époustouflant, je ne vois pas d'autre mot).

Mais la grande révélation du jour nous vient de Caroline Pigozzi, vaticaniste avertie, interviewée par le journal. Aaahhh ! les experts médiatiques... Heureusement qu'ils sont là pour nous éclairer car sans eux, pauvres pommes que nous sommes, nous ne comprendrions rien au monde qui nous entoure. Ainsi, nous apprend-elle, le pape "a compris qu'il fallait sourire". Ah d'accord. Me voici proprement surlecuté par l'indépassable pertinence de l'analyse. Vraiment, j'insiste. Ça ne vous avait sans doute pas sauté aux yeux, et pourtant, c'est évident.

Déjà, tout jeune prêtre, Jorge Bergoglio faisait la gueule. C'est prouvé.


Quand il a été nommé évêque, ça s'est aggravé.


Cardinal, il est devenu sinistre.




Le soir de son élection, quand il est apparu au balcon, la foule s'est carrément mise à pleurer devant son air menaçant.



Du coup, les cardinaux, mesurant la boulette qu'ils avaient faite en le choisissant, ont discrètement convoqué des experts en musculation zygomatique. Installés dans les caves secrètes du Vatican auxquelles ils avaient accédé nuitamment par une porte dérobée, ceux-ci ont patiemment appris pendant des mois et des mois à Jorge Bergoglio comment sourire. Les progrès ont été lents, mais enfin, lentement, précautionneusement, soigneusement, il a commencé à sourire. 


Quand on voit les photos d'avant, ça n'a pas dû être de la tarte. Mais il paraît, c'est ce qui se murmure dans les cercles des gens bien informés à-qui-on-ne-la-fait-pas, que ce n'était pas ça le plus compliqué.

Non, le plus dur, ça a été de lui faire comprendre qu'il fallait sourire. Une source proche du dossier confirme : "Au début, le pape nous disait : 'Sourire ? Mais enfin, pour quoi faire ? J'ai jamais compris à quoi ça servait de sourire. Alors que quand ils me voient, tous, avec mon air furieux, je peux vous dire qu'ils filent doux. Ah ils connaissent pas Jorge, les mecs ! J'vais vous les travailler en férocité, moi.' Mes collègues et moi étions désespérés et nous nous demandions comment parvenir à le convaincre."

Heureusement, d'après Caroline Pigozzi, l'un des experts a fini par lui dire de s'inspirer de Jean-Paul II. Et là, nous dit-elle, il a enfin compris et admis que ça pouvait coller. Ouf.

Admettez, chers amis, que ça vous en calfate une fissure, n'est-ce pas ? Elle en sait des choses, Caroline ! Tu m'étonnes que le monde entier jalouse notre presse et notre exception culturelle.

jeudi 27 juin 2013

Au revoir, Monsieur

PYL, dit aussi Castor, est sans doute pour la plupart d'entre vous, mes chers lecteurs, un parfait inconnu. Pierre-Yves Labbe, décédé le 18 juin 2013, était pourtant un grand monsieur.

En septembre 1939, PYL est âgé de 19 ans. Il est étudiant en médecine et déjà titulaire d'un brevet de patron pêcheur. Il est aussi chef scout de la IIIe Angers. En juin 1940, il forme le projet de rejoindre l'Afrique du Nord ou l'Angleterre et quitte la ville. Arrivé à Royan, il rencontre un officier de Marine français qui le persuade que sa présence sur le territoire national est importante et qui lui propose de rejoindre le Deuxième Bureau, (service de renseignement alors placé sous le commandement de Rivet et Paillole). Il reste jusqu'en octobre à Toulouse, dans ce qui est devenu la Zone libre.

Quelques mois plus tard, un certain "Jean Castor" - notre PYL - passe la ligne de démarcation clandestinement et réapparait à Angers. Il reprend immédiatement la direction de la troupe. C'est déjà la rébellion : le scoutisme est interdit en zone occupée par les autorités allemandes qui soupçonnent qu'il y a là un foyer d'insoumis*. Ils n'ont pas tort, puisque PYL va mener de front scoutisme et résistance, les volontaires issus des unités scoutes constituant le gros du réseau.

Il crée d'abord avec le concours de l’abbé Jeanneteau une filière d'évasion pour des Tirailleurs sénégalais dont certains sont blessés. Cela implique de franchir une rivière. Il transforme donc progressivement la troupe "terrienne" en troupe "marine" pour disposer d'embarcations et de matelots. Il dissimule le tout sous couvert d'une association sportive bien réelle et qui participe à la vie officielle de la municipalité. Cette filière fonctionnera tout au long de la guerre pour d'autres membres de la Résistance, des pilotes abattus, ou encore des Juifs.

Mais sa principale activité sera le renseignement, notamment orienté sur la Kriegsmarine qui avait basé à Angers son centre de transmission pour l'ensemble des opérations sous-marines. Il mène le même lent et méticuleux travail de recherche, d'identification, de recoupements, d'analyse et de transmission si précieux pour les Alliés que celui décrit par Pierre Nord dans ses ouvrages (notamment Mes camarades sont morts). Plusieurs membres du réseau sont arrêtés, torturés puis déportés. Tous continueront pourtant jusqu'à la Libération. Début 1944, Jean Castor est enregistré au BCRA-Marine.

Le 6 août 1944, alors que les Américains approchent d'Angers, PYL fait surveiller le secteur de Pruniers (Bouchemaine) et surtout le pont de chemin de fer dont il a pour mission d'empêcher la destruction. Grâce aux observations rapportées par Odette Perreau**, cheftaine de louveteaux appartenant au réseau, il sait que le pont de chemin de fer est intact. Il parvient à rejoindre les lignes américaines où il découvre que les plans d'attaque consistent à bombarder massivement Angers avant de donner l'assaut. PYL, qui est encore Jean Castor, convainc ces derniers que moyennant une diversion, une opération de contournement est possible par le pont de Pruniers. Il se met avec ses hommes à disposition pour guider le 3e bataillon du 11e régiment d'Infanterie américaine, dirige les tirs de mortiers qui réduisent les défenses allemandes et participe aux combats. Entre le 8 et le 10 août, la ville qui a échappé à la destruction est libérée.

Jean Castor laisse la place à Pierre-Yves Labbe. Il fait carrière dans les commandos marine, terminant avec le grade de capitaine de vaisseau. Il demeure très impliqué dans le scoutisme***, aux Scouts de France d'abord, comme Commissaire National des scouts marins auprès de Michel Menu, puis aux Scouts d'Europe comme Commissaire National Eclaireur. De nombreuses troupes "Marines" lui doivent leur création. Rappelons à cette occasion qu'Odette Perreau sera, après le lancement d'un premier mouvement de jeunes, Commissaire Nationale Louvetisme également aux Scouts d'Europe. 

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Il se raconte que la IIIe Angers fut proposée pour être citée à l'ordre de l'Armée mais que finalement, cela ne se fit pas. Qu'importe. 

Certains - ils se reconnaîtront - ont appris qu'il convient de "donner sans compter, travailler sans chercher de repos et combattre sans souci des blessures". Ils n'en concevront donc aucune amertume ni gloriole, et dédaignant les diatribes des petits commissaires politiques qui voudraient bien voir disparaître un certain scoutisme, ils continueront de suivre la trace d'un grand chef scout.


*  Le 4 octobre 1940, le général Streccius, chef de l'administration militaire allemande en France demande au délégué du gouvernement français en territoire occupé (DGTO) demande l'interdiction du scoutisme au motif que "c'est de la préparation militaire".

** Odette Perreau fit sa promesse en mai 1938 au cours d’un camp-retraite du Père Sevin.

*** Pour en savoir plus, se reporter au livre Scouts marins, parés ! Antoine Chataignon, illustré par Pierre Joubert, éditions l'Harmattan

jeudi 13 juin 2013

Je ne demande pas à monsieur si monsieur sait s'en servir.

Sans vouloir remuer la charrue dans la plaie ni le carambar dans la carie, il est quand même permis de se demander si finalement, le renseignement policier sait parfois quelque chose. Parce que ces derniers temps, c'est une épidémie, quand même.

Prenez Merah, par exemple. Au début, la police a dit qu'elle ne savait rien du bonhomme. Ensuite, la police a dit qu'elle savait, mais pas tout. Enfin si. Elle savait tout, mais pas tout le monde dans la police savait qu'elle savait tout. Finalement, ce qui est certain, c'est que ceux qui auraient dû savoir ne savaient pas. C'est dommage, parce qu'il semble qu'ils étaient bien les seuls à ne pas savoir.

Prenez Alexandre, aussi. Vous savez, le gars qui a filé des coups de cutter à un mili qui faisait rien que se promener nonchalamment dans nos gares pour son plaisir. Bah... tout pareil. La police savait rien. Et puis en fait, si, elle savait tout. Mais c'étaient toujours pas ceux qui auraient dû savoir qui savaient. Non, ceux-là, ils savaient pas. Remarquez, ce deuxième événement n'a pas fait de mort.

Prenez Cahuzac. Rebelotte ? Non, là, il y a quand même quelque chose d'original. Au début, la police savait tout. Enfin, presque tout. Bon d'accord, c'étaient toujours pas les bons qui savaient, mais quand même, elle savait. Mais là, maintenant, pouf ! Coup de théâtre ! En fait, elle savait rien. Si-si, j'vous jure, elle savait rien. C'est ballot, non ? Notez que dans cette histoire, il n'y a pas eu de mort, pas même de blessé. Enfin, pas pour l'instant, mais ça ne va peut-être pas durer.

On peut accuser les pros de mal faire leur boulot. C'est d'autant plus pratique qu'ils peuvent pas répondre. On peut aussi se dire que "qui veut noyer le poisson, l'accuse de la rage" (je suis très proverbe, ces temps-ci).

Alors finalement, je demande à Monsieur (le Ministre) si Monsieur sait s'en servir...

mardi 11 juin 2013

Je critique pas le côté farce. Mais pour le fair-play, y aurait quand même à dire...

... concluait mon ami Lino - oui, encore un ami - alors qu'un léger différent commercial était soldé par la suppression du concurrent à l'explosif. (Je précise ici à toutes fins utiles qu'il ne s'agit pas d'un quelconque aveu de complicité à une truanderie mais d'une formule, d'un clin d’œil, d'une allusion cinématographique, d'une sorte de référence culturelle, quoi.) J'en tire la conclusion que les plus turbulents compères n'en perdent pas pour autant tout sens de la mesure. Ce n'est visiblement pas le cas de tout le monde.

Dimanche, donc, des jeunes gens ont interrompu la finale de Roland Garros pour faire entendre leur différence. Il parait que ce sont des Hommen (mot latin qui signifie homme, comme dirait Carolest Fourine). Vu que la manifestation n'était pas déclarée, que c'était un événement sportif, que c'était un match de légende et toussa, hop, voilà les Hommen interpellés. Reconnaissons que c'était dans la logique des choses. On ne fera pas encore une fois le parallèle avec les très stipendiées Femen (mot latin qui signifie femme, comme dirait Carolest Fourine), parce que tout le monde connaît déjà. Faut tout de même admettre que ça finit par agacer, mais je vais m'arrêter là parce que je sens que je m'échauffe. Bref.

Là où ça se corse, c'est que les Hommen sont placés en garde-à-vue. Curieux non ? D'habitude, tout le monde trouve ça très bien la différence. On fait des colloques, des symposiums, des rencontres, on recommande, on célèbre, on promeut, on sponsorise, on subventionne. Sauf là. Non, là, c'est une différence qui voudrait continuer à faire pareil. Et ça, c'est mal. Alors hop, garde-à-vue. Nanméo, c'est qu'il faudrait pas confondre la bonne et la mauvaise différence. C'est comme le bon et le mauvais chasseur. Parait qu'y a des écrits là-dessus. Bref.

Quand on apprend que la garde-à-vue est portée à 48h et qu'on entend parler de poursuites pour "Violence avec armes par destination et visage dissimulé", on se dit qu'il faut carrément pas rigoler avec la promotion de la mauvaise différence...


Bon, en même temps, vous inquiétez pas trop, les gars. J'ai lu dans le Monde que "port illégal d'arme, vol avec effraction, vol avec violences et violation de domicile", en justice, ça coûtait juste des rappels à la loi. Vous ne pouvez pas risquer plus grave pour un fumigène et un masque. Enfin, normalement...

Le ridicule ne tue pas, c'est entendu. Quand on exerce le pouvoir, qu'on rend la justice ou qu'on est chargé du maintien de l'ordre, peut-être serait-il tout de même bon de n'en user qu'avec discernement.
Je critique pas le côté farce, hein ! Mais pour le fair-play, y aurait quand même à dire...


Add 12 juin : les 4 derniers sont relâchés après 48h de GAV + quasiment 24h de détention supplémentaires au dépôt. Le motif de poursuite évoqué à l'origine "violence aggravée" - nannan, vous rêvez pas ! - semble abandonné au profit de quelque chose de plus raisonnable. Enfin, plus exactement, de moins délirant.

samedi 8 juin 2013

MPT du 24 mars : t'es mauvais, Jack !

C'est entendu, chers amis, vous êtes un ramassis d'anachronismes ambulants dont il conviendrait de se débarrasser enfin. D'ailleurs, par exemple, en bons descendants des méchants nantis, vous vous abstenez de lire la presse et de regarder la télé pour consacrer votre temps libre à envoyer vos serfs aux oubliettes et pouvoir ainsi galoper librement dans leurs champs - exprès.
Vous ne savez pas ce que vous ratez. Permettez-moi de vous livrer une rapide revue de presse qui ne manquera pas d'éclairer vos esprits étroits et de vous ramener à une claire compréhension des événements de cette funeste journée.

Le 24 mars 2013, donc, "1 500 policiers et gendarmes" en tenue anti-émeute (Le Figaro) ont été débordés par une manifestation comptant globalement "une poignée d'individus" (Arnaud Montebourg, BFM TV). Non contente d'avoir à elle seule occupée l'axe allant de l'Arc de Triomphe au Pont de Neuilly, ainsi que - partiellement - les avenues Foch et Carnot (selon... tout le monde), une sous-"poignée d'individus" a prétendu et réussi à descendre sur les Champs Elysées.

"Les forces de police ont été exemplaires" (Manuel Valls, RTL) pour "contenir ces factieux" (Manuel Valls, BFM TV) qui les ont attaqués en se réfugiant derrière des "poussettes béliers" (Emmanuel Lemoine, France 2).
Il paraitrait, mais je reconnais ne pas avoir vérifié cette information, que le Ministre de l'Intérieur s'est exclamé dans la soirée : "Les Champs outragés, les Champs brisés, les Champs martyrisés, mais enfin, à 21h, les Champs libérés !"

Tout de même, Monsieur le Ministre, 1 500 hommes qui ne parviennent pas à contenir une sous-"poignée d'individus", admettez que ça fait désordre... Comme dit Venantino - c'est l'un de mes amis - il semblerait que de nos jours, à l'Intérieur, il y ait de moins en moins de techniciens pour le combat à pied, que l'esprit fantassin n'existe plus. Je ne peux y croire. J'y ai d'ailleurs suffisamment d'amis pour savoir que ce n'est pas vrai.


Il parait qu'une certaine Nabila a ajouté (mais je ne la connais pas, donc je ne sais pas si c'est vrai et je la cite de mémoire) : "Nan mais holà, quoi, t'es ministre de l'Intérieur et t'arrive pas  à contenir une sous-poignée d'individus... non mais holà... C'est comme si je te dis : t'es ministre du Budget et t'as un compte en Suisse..."

Non, je crois plutôt la version d'Hubert - un autre de mes amis : "t'es mauvais, Jack !"

vendredi 7 juin 2013

J'préviens, j'préviens plus !

Ah la la, mes chers lecteurs, il va encore falloir vous appuyer une énième contribution de monsieur Lambda au sujet du "mariage pour tous"... Quelle mouche le pique donc, allez-vous penser. La chose est derrière nous désormais ; que va-t-il faire dans cette galère ? C'est qu'en bon crocodile* qui laisse trainer ses yeux à la surface, je vois un tas de petites choses si appétissantes que je ne peux résister au plaisir de foncer dessus. Oui, j'ai un côté gamin, je sais.

Donc, je suis contre. Rassurez-vous, je n'irai pas sur le fonds de la question : d'autres que moi ont largement raisonné, expliqué, argumenté, débattu. J'ai bien noté que les partisans du "mariage pour tous" s'étaient gardés de fournir des raisonnements et argumentaires du même niveau, se contentant généralement d'accuser leurs adversaires d'être toutpleindetrucophobes, ce qui n'était pas étonnant car au fond, ils étaient d'abord et avant tout pleindautrechosistes.

Je suis bien sûr prévenu de longue date de ce procédé pour réduire quelqu'un au silence. Mais c'est pour moi une source d'émerveillement sans cesse renouvelée que le spectacle de gens se drapant dans le noble refus des étiquettes mais passant leur temps à mitrailler leurs contradicteurs de qualificatifs en "phobe" et en "isme". Vous conviendrez tout de même que cette technique présente l'inconvénient de transformer le débat en monologue, ce qu'en bon Gaulois, je déplore. Mais passons.

Ceci pour dire qu'il est possible que vous trouviez ici et là quelques remarques tatillonnes et non dénuées d'espièglerie au sujet du "mariage pour tous" et des manifestations d'opposition à cette loi. Si le sujet vous hérisse et qu'un brin d'ironie vous défrise, évitez les billets qui en parleront (comme celui-ci par exemple). Si vous étiez pour cette loi et que vous souhaitiez un grand débat sur le sujet, ayez l'amabilité de m'adresser par mail une dissert' de 4 pages minimum, je vous promets de vous répondre de manière non moins précise et détaillée et pourquoi pas même, de poursuivre ensuite cette discussion autour d'un verre. Promis, je rangerai les plaisanteries au placard, et on parlera sérieusement.

Mais tout de même. "Mariage pour tous", parlons-en. Parce que c'est pas vrai, il n'est pas "pour tous" ce mariage. Prenez les auto-sexuels par exemple. Qui s'occupe d'eux ? Pourtant, à bien examiner le monde politique, l'univers médiatique et d'ailleurs la société française dans son ensemble (et sans doute votre serviteur aux yeux de certains), ce ne sont pas les br...leurs qui manquent. Je crois même qu'on peut affirmer qu'ils sont beaucoup plus nombreux que les homosexuels. Et pour eux, rien, nada, oualou... Est-ce bien raisonnable ?



*rapport à mon premier billet

Qu'est-ce qu'il blogue, le crocro... le crocodile ?

Qu'on se rassure, l'auteur du blog ne revendique aucun titre ronflant, ni qualification distinguée ou spécialité improbable.

Amoureux du grand large, des hauteurs venteuses et vastes espaces infréquentés, on lui prête une insatiable curiosité qui s'exercerait tous azimuts, d'où des références littéraires et cinématographiques approximatives. Il confesse un faible pour les appareillages au p'tit blanc et autres gnôles hasardeuses, pourvu qu'il soit en bonne compagnie.

Les lecteurs qui s'égarent ici ne lui tiendront donc pas rigueur de ses propos sarcastiques, décousus et parfois aventureux qui n'engagent que lui et auxquels ils feront bien de ne prêter qu'une attention épisodique et (très) relative.