mercredi 7 mai 2014

On est gouvernés par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui ne sauraient pas faire pousser des radis

7 mai 1954
Dans le camp retranché de Dien Bien Phu, le lieutenant-colonel Bigeard doit envoyer un mot griffonné sur une feuille de papier au lieutenant Allaire, commandant la section de mortiers du 6e BPC, qui refuse de cesser le combat, sans un ordre écrit.


Mai 2014
La directrice de la formation à l'ENA raconte (ça vaut le détour) : "quand j’ai quitté la préfectorale pour venir à l’ENA, j’ai d’abord eu un choc car on m’a expliqué que j’allais partager un chauffeur avec un autre membre de la direction. Et puis avec le temps je m’aperçois que finalement, on vit quand même très bien sans chauffeur à plein temps."

Eh ben on n'est pas sorti de l'auberge.

mercredi 5 mars 2014

Si la pluie continue, les fraisiers seront en retard.

Ce n'était pas l'envie mais le temps qui me manquait pour distribuer quelques mornifles depuis octobre. Ce billet arrive d'ailleurs bien tardivement, mais comme il est écrit, je vous l'inflige.

Samedi 15 février, je suis légumé devant les JO sur France Télévision. Non, je n'étais pas en train de lire Tchekov ou Cervantes tout en sirotant un vieil Armagnac. Je sais, vous êtes submergé par la déception. Rassurez-vous, j'avais quand même coupé le son, car j'aime regarder le sport mais supporter les commentaires de Nelson Monfort, ce n'est pas du sport, c'est du masochisme.

Bref, voilà que la retransmission des JO est interrompue pour nous parler de Renaud Lavillenie, perchiste français, qui vient de battre le record du monde de Sergueï Bubka, champion du monde invaincu depuis 1994. Je dois dire qu'en cette journée de succès français, je ne peux m'empêcher de ressentir un petit frisson de fierté - que voulez-vous, on ne se refait pas. Donc, sans état d'âme, je dis bravo, incroyable, fantastique, magnifique. En un mot, cocorico. Ah la la, qu'est-ce qu'il a pas fait, Renaud, à Donetsk. Rendez-vous compte, il a battu le record du monde de hauteur en saut à la perche, à Donetsk. Sur le territoire et en présence du détenteur du titre, Bubka dit "le Tsar", qui est natif de Donetsk.

Ceci dit, le frisson de fierté a rapidement laissé place à un certain agacement. Car tout au long des jubilations journalistiques - que je plussoie, naturellement - je m'étonne qu'il ne soit question que de Donetsk. Jamais de l'Ukraine, où est située la ville de Donetsk. Une, deux, trois fois, passe. Au bout de 20 minutes sans que jamais le mot Ukraine soit prononcé, c'est un curieux hasard, mais il est vrai que le Français est mauvais en géographie. Le soir, au JT, on nous parle encore de Donetsk, mais toujours pas d'Ukraine. Le hasard fait bien les choses, n'est-ce pas ? Parce que naturellement, cette omission n'a rien à voir avec ce qui se passe en Ukraine.

Comme dans le même temps, il est de bon ton de s'offusquer de l'attribution des JO à la Russie du très vilain Poutine - déjà coupable de tout, demain condamné pour le reste -, ça fait désordre de célébrer la victoire française dans un pays secoués par des événements graves. Donc, braves gens, ça se passait à Donetsk.

Je ne sais pas si Paris valait une messe, mais incontestablement, les jeux du cirque valent bien certains silences.