vendredi 16 janvier 2015

To be or not to be, puisque c'est la question…

… qui déchire certains. Il  y aurait beaucoup à dire et à écrire. Il  faudrait du temps ce que je n’ai pas, et de la radicalité comme de la nuance ce que plus personne ne veut lire ni entendre. En guise de réponse, j’emprunte ces mots à un certain Charles Péguy dans Notre Jeunesse.

* * *

« Sur les arrivismes temporels, de part et d’autre, les jeux sont faits. Les âmes turpides vont aux turpitudes, les âmes serviles vont à la servitude […]. »

« Nous sommes l’arrière-garde. Et non seulement une arrière-garde, mais une arrière garde un peu isolée, quelques fois presque abandonnée. Une troupe en l’air. Nous sommes presque des spécimens. Nous allons être des archives, des fossiles, des témoins, des survivants de ces âges historiques.

Nous sommes les derniers. Presque les après-derniers. Aussitôt après nous commence un autre âge, un tout autre monde, le monde de ceux qui ne croient plus à rien, qui s'en font gloire et orgueil. Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin. Le monde des intelligents, des avancés, de ceux qui savent, de ceux à qui on n'en remontre pas, de ceux à qui on n'en fait pas accroire. Le monde de ceux à qui on n'a plus rien à apprendre. Le monde de ceux qui font le malin. Le monde de ceux qui ne sont pas des dupes, des imbéciles. Comme nous. C'est-à-dire : le monde de ceux qui ne croient à rien, pas même à l'athéisme, qui ne se dévouent, qui ne se sacrifient à rien. Exactement : le monde de ceux qui n'ont pas de mystique. Et qui s'en vantent. Qu'on ne s'y trompe pas, et que personne par conséquent ne se réjouisse, ni d'un côté ni de l'autre.

Le mouvement de dérépublicanisation de la France est profondément le même mouvement que le mouvement de sa déchristianisation. C'est ensemble un même, un seul mouvement profond de démystication. […]

Une même stérilité dessèche la cité et la chrétienté. La cité politique et la cité chrétienne. La cité des hommes et la cité de Dieu. C'est proprement la stérilité moderne. Que nul donc ne se réjouisse, voyant le malheur qui arrive à l'ennemi, à l'adversaire, au voisin. Car le même malheur, la même stérilité lui arrive. […]

Le monde moderne ne s'oppose pas seulement à l'ancien régime français, il s'oppose, il se contrarie à toutes les anciennes cultures ensemble, à tous les anciens régimes ensemble, à toutes les anciennes cités ensemble, à tout ce qui est culture, à tout ce qui est cité. C'est en effet la première fois dans l'histoire du monde que tout un monde vit et prospère, paraît prospérer contre toute culture.

Que l'on m'entende bien. Je ne dis pas que c'est pour toujours. Cette race en a vu bien d'autres. Mais enfin c'est pour le temps présent. Et nous y sommes. »

* * *
Parce que beaucoup ont oublié leurs noms (mais les ont-ils jamais sus ?) ;
Parce que les mêmes gémissent – sélectivement – sur la férocité du temps présent ;
Parce que les mêmes, toujours, ne comprennent rien et déblatèrent à longueur de temps par bêtise et aveuglement volontaire ;
Parce que les mêmes, enfin, n’ont pas (n’ont jamais eu et n’ont toujours pas aujourd’hui) la décence de reconnaître leur sacrifice et de l’honorer à sa juste valeur,

Je suis Damien Boiteux, Abel Chennouf, Jonathan Lefort, Alexis Taani, Nicolas Belda, Robert Hutnik, Denis Allex,
et leurs dizaines de camarades qui ont essaimé leurs vies, de Kapisa jusqu’en Adrar.


Mère, voici vos fils qui se sont tant battus.